Partons dans le Canton de Vaud à la découverte du Domaine Les Trois Terres
Personne n’aime la fin de l’été et si je vous disais que je vous ai déniché un super domaine, situé à Morges pour vous remonter le moral. N’est-il pas intéressant de partir à la découverte de région viticole que l’on ne connaît pas ?
J’ai eu la chance de rencontrer Laurent Bally, chef de cave du domaine Les Trois Terres et de pouvoir découvrir ses vins.
Pour ne rien gâcher, j’ai eu droit à un petit tour dans les vignes qui nous donne une vue imprenable sur le lac Léman, les Alpes françaises et notamment le Mont-Blanc. Et là je peux vous dire qu’il se passe quelque chose de magique dans le verre, lorsque vous dégustez avec cette vue.
Pour ma part, le domaine m’a réconciliée avec les vins de la Côte. Comme vous l’avez sûrement constaté, je ne parle que rarement de cette région et pourtant… j’ai eu un immense coup de cœur pour leur Altesse.
Le domaine les Trois Terres c’est quoi? Un domaine qui rassemble trois terroirs différents.
Originalité, la cave partage ses vignes entre Vétroz, Valeyres-sous-Rances et bien sûr Morges. En effet, le domaine des Trois Terres est constitué du Domaine de Valmont, Doviva dans le Valais et du Domaine du Manoir sur les Côtes de l’Orbes. À l’origine, un entrepreneur Alfred Oulevay, fondateur de la biscuiterie du même nom devient le propriétaire de Valmont à Morges. Deux familles se partagent, aujourd’hui, le domaine des Trois Terres.
Le domaine du Manoir a été revendu l’an passé. La majorité de l’exploitation étant sur Morges, ils ont préféré recentrer la production et se concentrer sur la qualité. À la fois vigneron et producteur de raisin, cela leur permet de rehausser la qualité et de ne garder que le meilleur pour faire de la bouteille.
Quand je vais dans une cave, j’aime toujours savoir qui sont ces hommes ou ces femmes qui se cachent derrière la bouteille. Pas vous?
La responsabilité des cuvées a été donnée à Laurent Bally depuis 2015. Auparavant, il était le chef de culture de leur exploitation pendant 12 ans.
Qu’est-ce que tu voudrais faire quand tu seras grand ?
N’étant pas fils de vigneron, ce n’était pas forcément une évidence mais le vin est devenu peu à peu une passion qui l’a conduit à en faire son métier. Il a notamment fait ses armes chez la famille Cruchon, domaine voisin à Morges, mais aussi chez Cornulus dans le Valais.
Ici, vous ne trouverez pas de grosses machines, on est dans une cave minimaliste. Ici, Laurent peut aller jusqu’au bout des projets préférant les vins qui laissent parler librement le Terroir. Il travaille les vignes en culture raisonnée mais certaines parcelles notamment l’Altesse et le Servagnin sont conduites selon les préceptes de la biodynamie depuis 2009, sans revendiquer aucun label. Il est très satisfait des résultats obtenus mais il reconnaît qu’il est bien plus facile de travailler en agriculture biologique ici dans la région que dans le Valais ou le Lavaux bien connus pour leurs pentes abruptes. Il le sait c’est la voie à suivre dans l’avenir !
Laurent aime vinifier les vins en mono-cépage afin de produire des vins d’une grande personnalité. Si le Chasselas est bien évidemment présent, vous pourrez retrouver de nombreuses spécialités telles que le Gamaret, le Garanoir, le Mara, le Merlot, le Servagnin ou encore l’Altesse.
Pour info, le Gamaret, le Mara et le Garanoir sont des cépages suisses que l’on trouve principalement dans la région de Morges. Tous trois sont des croisements artificiels du Gamay et du Reichensteiner, un cépage blanc allemand. Ce qui est assez drôle quand on sait qu’ils ont été créés pour donner des cépages colorés.
Connaissez-vous les vins de Morges ?
L’appellation représente 600 hectares de vignes pour une trentaine de vignerons produisant de la bouteille. ( Les autres étant seulement producteurs de raisins. )
À la tête de l’association des Vins de Morges, on retrouve de jeunes vignerons dont Laurent fait partie et qui apportent une bonne dynamique notamment avec un concept alliant vin et musique appelé Winify: une expérience inédite qui met le vin au centre d’un dialogue sensoriel. Les Vins de Morges ont choisi de mettre en scène le Servagnin et le Chasselas accompagnés d’une musique bien spécifique afin de faire ressortir le profil aromatique du vin. Je vous laisse faire votre idée.
Le Servagnin dans toute sa splendeur ! Connaissez-vous ce cépage ?
Il est fort possible que vous ne connaissiez pas ce cépage mais en attendant, rassurez-vous je l’ai testé pour vous ! Soyons honnête, vous êtes jaloux !
Il s’agit en réalité d’un clone de Pinot Noir. Offert à la Suisse en 1420, il y a de ça 600 ans par Marie de Bourgogne, fille de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et femme du duc de Savoie, afin de remercier les habitants de St-Prex de leur accueil. En effet, elle avait quitté la France pour fuir l’épidémie de peste ayant déjà perdu plusieurs enfants. C’est ainsi que vit le jour le 7 août 1420 Marguerite de Savoie. Elle offrit quelques ceps de son cépage préféré en gage de remerciement. C’est ainsi que le premier Pinot Noir arriva en Suisse dans le canton de Vaud.
Peu à peu disparu, il fut remplacé par d’autres clones de Pinot Noir ou d’autres cépages plus résistant. C’est dans les années 70 que quelques vignerons vont faire renaître et protéger ce cépage, il ne restait alors plus que deux plants de vignes. Les vignerons de la région de Morges ont réussi à le replacer au centre de leur patrimoine.
Il bénéficie aujourd’hui de sa propre charte de production. Seules les vignes plantées sur l’aire d’appellation Morges ont le droit à l’appellation Servagnin. Des contrôles à la vigne, des quotas de production, un cahier des charges et des dégustations sont imposées. Les vins doivent avoir au minimum 16 mois d’élevage dont 9 mois de barrique et ne peuvent être commercialisés qu’à partir du 1er avril. Non ce n’est pas une blague ! Seuls les vins respectant l’ensemble de ces éléments peuvent avoir l’agrément.
Le premier Servagnin de Morges a été mis en bouteille en 2000. Aujourd’hui 20 vignerons en produisent. Tous ont le même packaging. Ils sont vendus avec la même étiquette et la même bouteille. Seule la raison sociale change en fonction des producteurs. Chaque Servagnin de Morges est représentatif de la sensibilité du vigneron mais aussi de son Terroir. En effet, on retrouve des sols plus sableux et des températures plus froides au bord du lac que sur le haut de l’appellation, ce qui donne des vins très différents.
( Je vous conseille d’aller au salon Divinum à Morges pour découvrir toutes les facettes de ce cépage et vous pourrez y déguster plusieurs producteurs.)
Côté pinard c’est par ici: voici pour mes incontournables qu’il vous faut absolument tester !
Le Servagnin, millésime 2016
Vous vous laisserez porter par des arômes de cerise griotte, de fruits des bois et d’épices grillées. Amples en bouche, les tanins sont soyeux et rehaussés par une belle acidité. À la fois complexe et gouleyant, on retrouve une finale sur des notes torréfiées apportant une persistance au vin. Il ne demande qu’à s’ouvrir.
Le Sauvignon Blanc, millésime 2020
Au nez, on est envahi par une explosion aromatique intense avec des arômes certes variétaux tel que le bourgeon de cassis mais aussi des notes de pamplemousse, de pêche, de litchi et d’ananas. En bouche, on a un Sauvignon d’une belle finesse et très bien équilibré, à la fois avec du volume et de la vivacité. La fraîcheur est atténuée par une légère sucrosité pour donner de la gourmandise à ce vin. (Laurent Bailly, le chef de cave, y apprécie la tension et le fait d’avoir fait uniquement la première fermentation contribue pour beaucoup à cette jolie fraîcheur.)
L’Altesse
Cépage autochtone typique savoyard que je n’ai pas très souvent l’occasion de déguster, j’ai eu l’occasion de me faire surprendre par la cuvée 100% Altesse du domaine, millésime 2017.
Expressif avec un aromatique gourmand et complexe au nez, on retrouve des notes de citron, de cédrat, de noisettes, une touche légèrement beurrée. On est surpris par des nuances iodées et salines à l’aération.
On a, ici, un vin soyeux en bouche dans lequel l’élevage sous-bois est bien intégré à l’ensemble. Les arômes fruités tel que la pêche de vigne, nous accompagnent de bout en bout de la dégustation. On a une belle harmonie entre finesse et amplitude. Enfin, on se laisse porter par une certaine minéralité qui donne de la longueur en finale. Il gagnera en profondeur et en richesse après quelques années. Son élevage sur lie lui donne le volume et la persistance nécessaire. C’est un très joli vin de gastronomie.
Le Chasselas me fait également de l’œil, et pourtant je ne suis pas une grande amatrice.
D’une belle intensité au nez, on retrouve des notes florales telles que la verveine et le tilleul auquel viennent s’ajouter des arômes d’agrumes. En bouche, on a à la fois de la souplesse et de la tension pour finir sur une légère touche d’amertume. L’acidité perceptible est rehaussée par des notes citronnées et un côté perlant caractéristique qui donne de la persistance à l’ensemble. Un chasselas très agréable sur la fraîcheur et la gourmandise: un basique qui te régale toujours autant.
Vos papilles ne seront pas déçues et vous m’en direz des nouvelles !
Pour la visite, c’est par ici:
Adresse:
Domaine Les Trois Terres
Av. de Marcelin 72
1110 Morges – Suisse
Instagram: @lestroisterres
Facebook: @lestroisterres
MW