Vous trépignez d’impatience d’en apprendre davantage sur la Petite Arvine dont je vous avais fait l’éloge avant les fêtes de fin d’année. J’ai déniché cette dernière trouvaille lors de mes dégustations en parcourant le Valais.

On part en balade dans les vignes en compagnie de Veronyc Mettaz de la cave éponyme, Cave Philippe et Veronyc Mettaz afin d’en découvrir davantage.

L’histoire commence avec deux futurs vignerons tombés amoureux sur les bancs de l’École de Changins à Nyon dans les années 89-90 et nous voilà aujourd’hui plus de 30 ans plus tard dans leurs vignes sur les hauteurs de Fully.

Couple heureux, passionnés par le vin et tous deux diplômés d’oenologie, ils ont transmis cette même passion à leur fils Olivier âgé de 20 ans qui suit actuellement une formation à Changins, après deux CFC en viticulture et caviste à l’école de Chateauneuf à Sion.

C’est ici, à Fully dans ce village, chef-lieu de la Petite Arvine où le cépage est roi, que la cave a élu domicile et où il produisent leurs merveilleuses cuvées.

Comment ne pas tomber amoureux de leur cadre de travail ?

Un paysage à couper le souffle qui donne une vue imprenable sur les montagnes des Alpes depuis Martigny au début du Haut-Valais. Vous ne vous lasserez pas de cette vision sur ces vignes en terrasses.

Le Valais, c’est plus de 3’000 kilomètres de murs en pierre sèche parcourant le vignoble. Si vous en avez l’occasion, je vous invite à y faire un détour. C’est vachement beau !

Aujourd’hui Philippe et Veronyc travaillent 8 hectares de vignes mais en encavent seulement la moitié ce qui représente environ 30’000 bouteilles par an. Ici, on retrouve uniquement des micro-cuvées: les quantités varient d’une barrique (environ 600 litres) à des cuves de 3000 litres, ce qui est très peu ! Mais attention, ils produisent pas moins de 30 cuvées différentes. C’est dingue !

En Valais, deux types de situations se distinguent: les vignes en terrasse, mieux exposées et les vignes en plaine, moins exposées. La grande différence est l’ensoleillement, primordial pour la maturité des raisins.

Sur Saxon, Philippe et Veronyc ont planté des cépages plus précoces. En effet, de juillet à août, l’ensoleillement y est plus important mais diminue en septembre. A Fully, où l’on retrouve principalement des vignes en terrasse, le soleil est là bien plus tôt le matin, c’est pourquoi ils ont fait le choix de cépages tardifs.
Le Pinot Noir est un bel exemple de l’importance de cet ensoleillement. Ils l’ont privilégié sur Saxon ou sur Fully mais à une altitude de 800 m pour qu’ils puissent mûrir lentement. Sur Fully, cela donnerait des raisins trop mûrs et des vins trop cuits. Cette connaissance est primordiale ce qui permet de se rendre compte de l’importance du Terroir selon le cépage.

Attentif à l’environnement, le couple convertit progressivement le domaine depuis 2015. Une remise en question et une réflexion qui les ont conduits à suivre des formations à l’Association de biodynamie de Suisse Romande. Ils sont actuellement en reconversion bio-bourgeon et ils vont demander la certification Demeter pour une partie de leur vigne en 2021. Cette influence se retrouve aujourd’hui dans leurs vins.

” Le Terroir est précieux et il ne faut pas jouer aux apprentis chimistes dans les vignes. “

Pour tout vous dire et ne rien vous cacher, ils ont planté du Divico, un cépage noir précoce très récent, datant de 1997. Multi-résistant au mildiou, à l’oïdium et à la pourriture grise, il permet de ne pas ou faire très peu de traitements à la vigne. Le nom Divico a été choisi en l’honneur d’en chef helvète historique du même nom. Il est issu d’un croisement entre deux cépages le Gamaret et le Bronner, créé par la station de recherche Agroscope de Changins.

Dans leur démarche environnementale, l’utilisation d’un cépage tel que celui-ci était évident. Planté dans une zone peu accessible, ils ne font généralement qu’un seul traitement au cuivre autour de la fleur. 4 ans aujourd’hui qu’ils en produisent et qu’ils y adhèrent.
Très structuré, beaucoup de vignerons sont sceptiques sur ce cépage. Et pourtant d’après Veronyc, il faut savoir l’adopter et le préparer à nos papilles. Vinifié seul, il donne un vin complexe sur les épices orientales, de fruits noirs, la mûre et la griotte, extrêmement concentré qu’il faut savoir assouplir avec un élevage sous-bois. Je n’ai pas eu l’occasion d’en déguster malheureusement en rupture de stock.

Tchin-tchin, comme vous en doutez j’ai quand même eu l’occasion de déguster quelques-unes de leurs références, voici 3 cuvées que j’ai beaucoup appréciées :

La Petite Arvine:

La cave en produit 3 différentes. Que puis-je vous en dire ? Cépage complexe et aromatique, elle fait aussi bien de magnifiques vins liquoreux que des vins secs. Exigeante et capricieuse qui ne supporte ni les sols trop fertiles ni une trop grande sécheresse, la Petite Arvine a besoin des meilleures expositions pour s’exprimer pleinement et être sublimée.

Je vous ai sélectionné mes deux coups de cœur « Les Mûres » et « Les Claives », deux Terroirs différents. Le bonheur, ça se partage !

Les vignes de la Petite Arvine, « Les Mûres » se situent sur des éboulis du Torrent de Beudon contenant une pointe de calcaire. Cela donne un vin avec des notes de rhubarbe caractéristique du cépage. On se laisse surprendre par son nez suave sur la glycine. D’une belle complexité et sur la fraîcheur, on retrouve un bel équilibre et une vivacité marquée en bouche.

Les vignes de la Petite Arvine, « Les Claives » se situent, elles, au centre de la commune, sur les terrasses les plus ensoleillées du vignoble. Cela donne un vin avec un nez sur les agrumes, on y décèle aussi des notes de pâte de coing et de poire compotée. En bouche, on se laisse porter par l’équilibre entre la souplesse et la vivacité. L’évolution sur la rondeur et la finale plus tendue mettent en évidence une pointe saline caractéristique en finale très agréable.

Ce sont deux valeurs sûres (même si mon cœur balance vers la Petite Arvine « Les Claives » plus vive… ) !

Pour l’anecdote, Veronyc et Philippe ont tenté de les assembler mais cela a annihilé les caractéristiques de l’une et de l’autre pour créer une Petite Arvine assez neutre.

N’est-ce pas là, la beauté du Terroir ? Qu’en pensez-vous?

Le Gamaret:

Zoom sur le Gamaret avec la dégustation du 2018: cuvée très intéressante que Veronyc aime beaucoup pour sa gourmandise. Cépage précoce, qui atteint très vite les 90° Oechsle, sans pour autant atteindre sa maturité phénolique, il a souvent besoin d’être attendu quelques semaines supplémentaires. Au domaine, c’est la dégustation des baies et des pépins qui déterminera la date de vendange.
Très coloré, il possède une réelle profondeur tannique et mérite d’être oublié quelque temps. On retrouve au nez des arômes de cerise noire avec des tanins présents non agressifs enclin à la gourmandise. Une pépite qui donne du baume au coeur !

La cuvée des Artistes:

Pour tout vous avouer, je suis fan du concept de ce vin. A chacune de leurs nouvelles cuvées, un nouvel artiste crée une étiquette après dégustation pour y inscrire sa personnalité, ses ressentis sur le vin. Une cuvée unique où l’art prend tout son sens: l’art du vigneron à produire un vin d’exception additionné à l’art graphique et à la sensibilité de l’artiste.

Ici, il s’agit cette fois d’une Ermitage 2013 mis en bouteille en 2015. Nez expressif, on se laisse emporter par des notes de poire, d’amande, de noix de coco et de vanille. En bouche, on retrouve un vin soyeux avec du volume dû au deux années d’élevage et à une vinification en barrique. La finale s’exprime sur une légère touche fumée et vanillée assez bien intégrée.

Pour en savoir plus:

Rencontre avec Véronyc et Philippe Mettaz

Pour la dégustation, c’est par ici. Tu peux venir déguster sur rendez-vous.

Adresse:
Cave Philippe et Veronyc Mettaz

Rue Saint-Gothard 19
1926 Fully – Suisse
info@mettaz.ch
Instagram: @cavepvmettaz
Facebook: @cavemettaz

MW