Et si on profitait de ce début de rentrée pour (re)découvrir des domaines en Valais, prendre le temps d’aller sur place et de rencontrer ses vignerons qui nous procurent tant d’émotions à travers leurs bouteilles.
Dans le paysage des 150 meilleurs domaines suisses nommés par le Gault & Millau, se cachent Martine et Pierre Vocat, vignerons du Domaine des Crêtes à Sierre qui oeuvrent discrètement à la production de vins de haute qualité dans un monde en plein changement climatique et qui contribuent à rendre le monde plus doux, plus riche et plus stimulant.


Fondé en 1950 par Joseph Vocat, le domaine des Crêtes doit son nom au 5 collines présentes sur leur parcellaires. Aujourd’hui, ce domaine à la limite linguistique du Valais représente une superficie de 30 ha, composée de « La Grande Crête », « La Crête de Feu », « La Crête des Chevey », « La Crête du Pont » et « La Crête à Raby ». À l’image de leur nom, chacune de ces collines possède des profils de sols qui lui sont propres. C’est ainsi qu’après des études de sols approfondis, le domaine les a mis en évidence et a sélectionné des cépages appropriés selon la nature de sol de chacune de ces collines.
Sur le domaine, deux générations sont encore présentes avec Yves Vocat et ses deux enfants Pierre et Martine, tous ingénieurs œnologues. À eux trois, ils ont uni leurs forces pour la production de vins en adéquation avec la nature, pionnier dans les traitements sans produits de synthèse.
Entre évidence et devoir, c’est aujourd’hui Martine et son frère Pierre, tous deux formés à Changins, qui perpétuent la tradition en reprenant la suite de leur père, tout en s’appuyant sur une équipe fidèle.


Aujourd’hui, le duo frangin – frangine travaille main dans la main sur le domaine. Ils ont su aborder ce changement de génération tout en perpétuant la tradition familiale, car effectivement Yves a toujours son mot à dire dans l’entreprise. C’est certainement parce qu’il y a beaucoup d’échange et de discussion autour des dégustations de leur vins, que leurs profils sont très complémentaires.
En adéquation avec la recherche des différents profils de sols adaptés aux différents cépages, Martine et Pierre ont repensé leurs étiquettes. Intemporelles, on y retrouve notamment les armoiries familiales et sur la contre étiquette la carte illustrant les différentes crêtes.
À entendre Martine, on s’aperçoit rapidement que le fil conducteur de leur travail passe par le plaisir et le partage.


Depuis plusieurs années, ils ont abandonné les secondes fermentations sur les blancs mais attention ce n’est pas un dogme inscrit dans le marbre et cela peut évoluer selon les millésimes. Parfois, ils sont amenés à faire la fermentation malolactique sur une partie de leur cuvée pour compenser l’acidité totale.
Pour l’anecdote, le Domaine des Crêtes commercialise l’ensemble de sa production en Suisse sauf une palette aux USA. Une petite exportation engendrée par un contact bourguignon. Comme le monde est petit, il s’avère qu’il s’agit de l’un de mes copains d’études. C’est l’exquise richesse du milieu du vin, tout le monde connaît tout le monde !



À la dégustation, ça donne quoi ?
Comme un souffle identitaire souffle sur l’Heida. À défaut d’être autochtone: ce cépage est présent en Valais depuis le Moyen Age. Connu sous différents noms tel que Païen, en Valais Romand, ou encore Traminer ou plus communément Savagnin Blanc, notamment dans le Jura, sa première mention écrite sous le nom de « Heida » date de 1586, apparu dans un document officiel de la commune de Viège dans le Haut-Valais.
Citron, écorces d’orange, fleurs blanches, mais aussi amandes grillées ou encore noisettes s’entremêlent dans le verre pour offrir un bouquet aromatique d’une grande complexité. Un équilibre s’installe entre la fraîcheur et l’opulence pour donner une vibration envoûtante en bouche. On est happé par une vivacité délicate puis on est très vite rattrapé par son aspect suave envahissant le palais. On retrouve une belle finale qui s’étire tout en longueur pour nous laisser sur un moment suspendu dans le temps avec un goût de revenez-y !
La cuvée Reflet Blanc est un assemblage de Petite Arvine, Ermitage et Païen élevé entre 8 mois et 1 an qui possède toutes les caractéristiques pour m’émerveiller en offrant une harmonie parfaite entre ces trois cépages.
Pour cette cuvée, le domaine vinifie une barrique de 450L de Païen comprenant 10% d’Ermitage et une barrique de 225L de Petite Arvine, au moment de l’assemblage ils utiliseront que la moitié de la barrique de Païen associés à la totalité de la Petite Arvine.
On aime son nez pour le mariage des nuances de fruits exotiques et d’abricots subtilement associées à des arômes d’agrumes tels que le pomelos et le zeste de citron. En profondeur, on perçoit de légères notes toastées, renforçant sa complexité.
La bouche se pare d’une grande fraîcheur où l’on y découvre une délicate minéralité. Elle offre aussi une grande structure et une amplitude, qui est certainement dû à l’association de Petite Arvine et d’Ermitage. La vivacité que lui confère le Païen lui donne de la persistance sur des notes citronnées rehaussées par de beaux amers.
La cuvée Reflet Rouge est un assemblage de Cabernet Franc, Gamaret et Syrah (selon les millésimes). Le nez offre un nez intense avec des arômes de notes de mûres, de cassis, de baies des bois et de cerises. Un vrai plaisir !
À la fois puissant et soyeux, on a de jolis tanins qui restent encore un peu serrés mais qui si on se projette un peu dans le temps vont s’assouplir et donner un vin rouge à la fois structuré et raffiné. La finale, quant à elle, est interminable.
Syrah Grand Cru « La Grande Crête »:
Cultivée depuis 1926 dans le Valais, la Syrah a remonté le Rhône peut-être avec l’envie de revenir au source. Exigeant les meilleures expositions, elle a besoin d’un climat chaud et sec afin de se révéler.
Avec son vignoble de plus 4’600ha, majoritairement en terrasse, ses 2’000 heures d’ensoleillement et ses 600mm par an, la Syrah s’épanouit parfaitement en Valais. D’une constance remarquable, elle en vient à concurrencer les grandes appellations de Côtes du Rhône septentrionales ou encore internationales.
Fort de l’adaptation de ce cépage au Terroir valaisan, certaines zones viticoles ont été reconnues pour produire des Syrah d’exception comme la région de Sierre obtenant la dénomination Sierre Grand Cru depuis 2015. C’est donc sur les collines les mieux exposées du Domaine des Crêtes où il fait « bon vivre » que cette Syrah mûrit lentement.
Ce millésime 2020 s’ouvre sur un nez à la fois expressif et complexe où s’entremêlent les fruits noirs, la violette, les épices ou encore des nuances de graphite. D’un joli fruité, la bouche offre une grande profondeur soulignée par des tanins soyeux encore juvéniles qui mériteraient qu’on la laisse encore quelque temps en cave. C’est prometteur…
L’Humagne Rouge est un cépage identitaire du Valais qui est arrivé dans le canton par le col du Grand Saint-Bernard reliant le Val d’Aoste.
Séduisante et expressive au nez, on se laisse charmer par des notes de baies noires, de sous-bois. À la fois sauvage et d’une grande personnalité, l’attaque est franche mais les tanins restent serrés avec des nuances de chêne et de terre humide. Elle gagnera en finesse avec le temps.


Pour s’y rendre:
Adresse:
Domaine des Crêtes
Rue de Pont de Chalais, 26
3960 Sierre, Suisse
Instagram: @domaine_des_cretes
Facebook: Domaine des Crêtes – Famille Vocat
MW