Direction le domaine Zinck à Eguisheim, un des plus beaux villages de France

Vous connaissez certainement mon attachement pour les jolis domaines respectueux de l’environnement alors je suis servie: ma terre d’adoption alsacienne me donne toujours autant de plaisir.

Direction l’un des plus beaux villages de France, à Eguisheim à quelques kilomètres de Colmar au domaine Zinck où j’ai pu faire la rencontre de Philippe, le vigneron.
Douceur de vivre et cadre idyllique, on s’imprègne de la culture alsacienne avec les maisons à colombages, l’accent reconnaissable entre milles, les odeurs de tartes flambées, de munster ou encore de kouglof.

Sous leurs airs un peu fermés, les alsaciens possèdent le vrai sens de la générosité: le partage de leurs savoirs. Au domaine Zinck, on ne déroge pas à la règle. Un peu de patience, je vous raconte tout ça.

Portrait d’un vigneron passionné:

Philippe fait partie de la quatrième génération du domaine, créé en 1964. Après sa formation et un passage en Australie où il était parti faire des vendanges, il s’installera avec ses parents. Il succède à son père Paul et en reprend la direction en 2007. Entre évidence et obligation, est née une vraie passion! Après beaucoup de temps et d’investissement, il fait passer le vignoble de 24 hectares à 14 hectares où l’on retrouve 3 grands crus: le Eichberg, et Pfersigberg et le Golbert. Il affirme petit à petit son style et se recentre pour produire des vins de gastronomie.

Même si Philippe travaille en bio depuis de nombreuses années, sa conversion fût progressive, sans pour autant faire de démarche de labellisation. Il s’est formé notamment avec Claude Bourguignon en Bourgogne, ce qui lui permettra d’appréhender de manière précise la notion de Terroir avec la connaissance du sol. (En effet, Claude Bourguignon est un ancien scientifique de l’INRA et microbiologiste des sols, connu aussi sous le  nom de « médecin du sol ».)  

Ce n’est qu’en 2018, qu’il passe un nouveau cap et engage une conversion en biodynamie, avec une certification ECOCERT et Demeter sur le millésime 2021. Un engagement et un défi de tous les jours. Il s’en rend bien compte, surtout avec les aléas climatiques comme l’été dernier où il a perdu environ 70% de sa récolte. (Le secteur Colmar Sud ayant été plus touché que d’autres vignobles au Nord de Colmar.) Il prend cependant la vie du bon côté et relativise.

Une évolution constante et une remise en question pour celui qui ne souhaite pas rester sur ses acquis. Vous l’aurez donc compris, il faudra s’armer encore de quelques mois de patience pour découvrir les nouvelles cuvées estampillées officiellement biodynamie.

Le bio reste pour Philippe une évidence et une philosophie en cohérence avec la nature mais aussi une volonté de transmission à la future génération dont ses enfants.

Aujourd’hui, l’ensemble de son vignoble est labouré un rang sur deux chaque année, à l’automne et un apport de composts biodynamiques est effectué tous les 3-4 ans.

Connaissez-vous les caractéristiques des décoctions réalisées en biodynamie afin de protéger la plante ?

Le domaine en effectue quelques unes: une première préparation appelée « bouse de corne » produite à partir de fumier de vache initialement mis dans des cornes qui sont par la suite enterrées pendant une année. Cet humus ultra concentré en micro organismes va permettre de doper la vie dans les sols.

Au moment de la fleur, on retrouve une autre préparation: une infusion de silice aussi appelée « silice de corne » qui a pour effet de donner de la tenue à la plante mais aussi plus de résistance face à la cassure due aux vents et à stimuler le système d’autodéfense du végétal face aux maladies.

Une infusion de prêle est également réalisée autour de la période Pâques sur les zones sensibles aux attaques de mildiou pour stimuler le système de protection de la plante.

Vous l’aurez compris, il reste convaincu que l’écoute et l’observation de cet écosystème lui permettent d’augmenter la qualité des vins. Et ce n’est pas moi qui lui dirait le contraire, nous sommes bien d’accord !

Ce qui fait la différence chez Philippe, c’est sa volonté de proposer des cuvées au caractère affirmé retranscrivant à la fois sa philosophie et son travail. Son ambition finale reste cependant de produire des vins qui procurent du plaisir. Aujourd’hui, il a trouvé son style et il l’affirme dans sa gamme.

Philippe travaille ses vins en fonction des cépages et des Terroirs. Quatre profils se distinguent: la gamme Portrait, Terroir, Grand Cru et Crémant.

On y retrouve 3 Grands Crus :

Le Pfersigberg se distingue par son sol marno-calcaire, son exposition et son coteau pentu. Au domaine, il est planté uniquement en Riesling ce qui donne au nez des vins assez aromatiques avec une touche d’agrumes et une bouche verticale et minérale avec une jolie salinité en finale.

L’Eichberg se caractérise par un Terroir argileux ce qui apporte de la largeur en bouche aux vins. La richesse de son sol lui donne aussi une belle résistance à la sécheresse.

Le Golbert est un Terroir particulier et atypique avec une grande biodiversité . Il se distingue par un sol argilo-calcaire gréseux, de la pente et une exposition plein Est avec du soleil dès le lever du jour puis dans l’ombre à partir de 18h dû à la proximité de la montagne. Cela évite aux raisins d’être brûlés en été et donne de la fraîcheur et de la minéralité aux vins.

Philippe aime mettre en avant ses vins en fonction des moments de vie et des accords mets & vins que l’on souhaite faire. Je ne vous en dis pas plus mais il m’a proposé de me faire découvrir ses vins autours de bons petits plats. Une idée plutôt originale que je ne vais surtout pas refuser ! J’adore !

Sélection de trois cuvées qui ne m’ont pas laissée indifférente:

Le Pinot Gris de la gamme Terroir sur le lieux-dit Talmatten à proximité du Grand Cru Eichberg, millésime 2019 est un pur bonheur !
Nez aérien et fruité, il se présente sur des notes de fruits à chair blanche et d’épices douces.
Ce vin s’affirme en bouche avec une belle fraîcheur. Belle surprise pour moi, c’est un vin sec ! Équilibré, on retrouve une belle amplitude sans exubérance qui est contrebalancée par sa vivacité et sa minéralité inattendue. On termine avec une persistance saline et des notes de pierre à fusil qui nous invite à se laisser tenter à nouveau.

Le Riesling Grand Cru Pfersigberg, millésime 2018, mérite de prendre du temps. Je ne connaissais pas encore ce Grand Cru alsacien, qui se caractérise par un Terroir calcaire, exposé plein sud donnant des vins précoces d’une belle richesse.
Le nez est expressif dès les premières minutes, il s’ouvre sur des nuances de fruits à chair blanches et florales tel que l’acacia et le lilas puis des notes légèrement pétrolées viennent complexifier le tout.
En bouche, il s’exprime avec une belle amplitude et de la profondeur soutenues par une vivacité apportant de la fraîcheur. On a une jolie harmonie entre finesse et puissance pour finir sur des arômes de pierre à fusil donnant une belle longueur en bouche.

Le Gewurztraminer Grand Cru Golbert, millésime 2013 est surprenant !
Nez aromatique, il se présente sur des notes de fruits à chair blanche, de fruits exotiques tels que le litchi auquel viennent s’ajouter des notes délicates de rose et de fleurs blanches. Des nuances d’herbes sèches rappelant mon sud natal apportent de la complexité et de la profondeur.
En bouche, je suis surprise. Il est enclin à la finesse et la minéralité, très certainement apporté par le Terroir du Golbert. On a aussi un joli volume et une amplitude en milieu de bouche avec une sucrosité qui reste très digeste. Très agréable, même pour moi qui ne suis pas une adepte des vins sucrés. Équilibré, on est face à un vin sur la finesse avec une belle persistance aromatique rehaussé par des notes d’épices.

Pour en apprendre davantage et visiter le domaine: 

Adresse :
Domaine Zinck
18 Rue des 3 Châteaux
68420 Eguisheim

Instagram: @domainezinck

MW