On rembobine, on oublie le covid et et on recommence les visites de cave. Ça vous avait manqué ? On part au Domaine du Vieux Moulin en Suisse en compagnie de Vincent Papilloud, fils de Romain, dernière génération au domaine pour un très bel échange sous le signe de la convivialité !

Une journée ensoleillée et une visite de sa cave, le parfait combo ! Si vous ne connaissez pas encore Vincent, on rattrape tout ça dès maintenant ! Grand passionné et talentueux vigneron, il m’explique son parcours, l’histoire et les petites anecdotes du domaine.

Comme vous le savez très certainement, en Valais les vignobles sont souvent formés d’un morcellement de parcelles ! Pas facile pour nos chers vignerons valaisans de travailler dans ces conditions! Beaucoup de domaines cherchent donc à reconstituer leur vignoble pour avoir des zones de vignes plus regroupées.

Je me laisse porter par Vincent qui commence sa visite par une petite balade dans le vignoble à Amandoleyre, l’un des lieux-dit qui rassemble une grosse partie de ses vignes, il y produit un fendant un peu spécial, en Grand Cru. Nous nous sommes ensuite dirigés vers le lieu-dit de La Mallette, où se trouve l’une de ces plus vieilles vignes d’Amigne. Il m’a d’ailleurs montré au passage quelques unes de ses magnifiques guérites !

Connaissez-vous les fameuses guérites qui font la typicité du Valais ?

Vous savez, il s’agit de ces fameuses petites constructions perdues au milieu des vignes, qui servaient autrefois d’abris lors d’intempéries ou pour le rangement ! Il en existe beaucoup dans la région. Elles sont aujourd’hui souvent utilisées par de nombreux domaines pour faire des dégustations.

Vincent m’a montré l’une d’entre elles qu’il est en train de réaménager à Amandoleyre, une guérite souterraine creusée à l’époque par son arrière grand-père! Et bien celui-là, il était bien courageux ! Il aurait très bien pu d’être enterré vivant, Vétroz étant bien connu pour ses sols de schistes très friables !

Là, croyez le ou non, il souhaite y installer une barrique de son Fendant grand Cru à faire vieillir ! J’ai craqué pour son petit coteau provençal comme il l’appelle, juste à l’entrée de cette guérite, où se côtoient romarin, thym, hysope et grenadier, un vrai petit air du sud ! J’adore !

Il m’expliquera par la suite qu’il aimerait organiser dès l’année prochaine un parcours initiatique avec dégustation à la clé le long des guérites !

C‘est sûr, vous viendrez y faire un tour pour passer un moment atypique au beau milieu du vignoble ! Le tout avec une vue imprenable sur le Valais, de quoi devenir un habitué des lieux! Je sens que ça va être sympa tout ça !

Fier de son patrimoine, Vincent a toujours baigné dans cet univers et fait partie de la 4ème génération du domaine depuis maintenant 11 ans. Grand passionné et amoureux de la terre, il adore être à l’extérieur à travailler la vigne.

« Après tout, j’ai les plus beaux bureaux qu’il soit ! »

Et on ne va bien sûr pas le contredire ! Le domaine travaille aujourd’hui au plus près de la nature, n’utilise plus d’herbicides et est guidé par la volonté de développer une agriculture pérenne.

Trentenaire avec une forte personnalité, c’est un homme d’action qui sait imposer ses choix quand il le faut !

La transition avec Romain, son père n’a pas toujours été facile et il a fallu qu’il se fasse une place afin d’écrire sa propre histoire en s’appuyant sur les traditions. Aujourd’hui tout va bien, ils ont su trouver un équilibre. Il reconnait d’ailleurs qu’il a de la chance que tout roule entre eux.

“Chez nous, les hommes devraient naître plus heureux et joyeux qu’ailleurs, mais je crois que le bonheur vient aux hommes qui naissent là où l’on trouve de bons vins…”

Léonard de Vinci

Le domaine est avant tout une histoire de passion familiale. Vincent s’est formé à l’école d’agriculture de Châteauneuf à Sion en Valais. Après un CFC de caviste et de viticulture, il commencera Changins mais n’ira pas jusqu’au bout. Plus praticien que théoricien comme il le dit lui-même, il travaillera à la cave d’Adrian et Diego Mathier à Salquenen, l’année où cette dernière a fait cave de l’année.

Romain, son père est un vigneron talentueux que l’on ne présente plus. Autodidacte, il a appris sur le tas. Son grand-père, une force de la nature a continué à aller dans les vignes jusqu’à 92 ans ! Imaginez-Vous? Ne serait-ce pas là une source inépuisable de vie et clé de leur réussite?

Créatif inspiré et avide de découvertes, Vincent amènera de ses voyages d’autres façon de faire.

« Personne n’a la vérité sur ce métier et il faut continuellement se former surtout avec un produit vivant comme la vigne. »

D’ailleurs c’est après un voyage en Georgie, qu’il se lancera dans la création d’un vin orange d’Amigne ! Attention pour les curieux si vous souhaitez le découvrir, c’est maintenant ! Il vient tout juste de le lancer !

Il essaie et plante du Divico qu’il va vendanger pour la première fois cette année. Si vous ne connaissez pas ce cépage, il s’agit d’une variété de raison noir suisse résistant qui permet de réduire de manière significative les produits phytosanitaires. Vous l’aurez compris, son truc à Vincent c’est innover !

Il m’a d’ailleurs mis dans la confidence du lancement d’une nouvelle cuvée vinifiée par lui et deux autres vignerons valaisans, je sens que ça va être super intéressant ! Savoir ce que l’on aime et l’affirmer, ça lui ressemble bien !

5 choses également à savoir sur le domaine:

  • Le domaine existe depuis plus de 4 générations et à l’origine, l’arrière grand-père de Vincent ne produisait que du raisin. Il faudra attendre l’arrivée de Romain pour lancer les premières bouteilles.
  • Le domaine a été plusieurs fois nommé au Gault et Millau Suisse. Plutôt pas mal !
  • Le domaine, c’est 11 cépages noirs différents et 4 blancs pour 5 hectares de vignes. Rien que ça et 40’000 bouteilles par année.
  • Le domaine est entouré dans le seul même village de non moins de 13 autres caves, imaginez vous !
  • Le domaine c’est aussi 3 gammes différentes, 3 textes différents remplis de poésie apparaissant sur l’étiquette de la bouteille. C’est d’ailleurs un ami poète de ses parents qui leur a écrit les textes. Ils les utilisent depuis maintenant plus de 20 ans ! Romain a toujours su que l’habillage était très important et que c’était ce qui attirait l’oeil des consommateurs.

 

Connaissez-vous l’Amigne ?

Sa première apparition date de 1878, il est reconnu pour être un cépage valaisan. Cépage de prédilection de Vétroz et de Vincent, il en produit 5 différents: effervescent, doux, sec, en barrique ou encore en vin orange. J’ai eu un énorme coup de coeur pour ce cépage de niche, complexe aux arômes typiques d’agrumes qui se prêter à plusieurs styles de vin.

Mais pourquoi ce cépage se plait-il tant à Vétroz?

C’est très simple, le sol y est pour beaucoup ! Vétroz est connu comme je vous ai dit pour ses sols de schistes et l’Amigne se plait sur des sols assez léger et friable.
Le climat assez chaud favorise également le cépage. Possédant des grappes assez lâches et aérées, cela lui permet de rester plus longtemps sur le cep de vigne et de se concentrer.
Vincent va d’ailleurs lancer un coffret dans lequel vous pourrez retrouver son Amigne Grand Cru, son Amigne barrique, son mousseux d’Amigne, son surmaturé et son Amigne Orange.

Mon petit coup de coeur :

L’Amignonne, son mousseux d’Amigne en méthode traditionnelle champenoise. Vincent est le seul à produire ce cépage avec des bulles. Plus aromatique qu’un mousseux classique, il sort des standards et produit seulement 1000 bouteilles par an. Une petite exclusivité ! Il fait un élevage sur latte pendant une année pour une partie pour apporter plus de volume. Tandis que l’autre moitié est dégorgée plus tard dans l’année.
Belle explosion de saveurs au nez, on retrouve des notes d’ananas et de pêches de vigne. Intensité et fraicheur marquées en bouche avec une attaque franche. Les bulles sont fines et délicates. Je ne m’en lasse pas !

Il existe d’ailleurs plusieurs festivités autour de ce cépage, je vous invite à découvrir notamment Amigne on the Road à la fin août.
Cette année avec le covid, tous les évènements sont annulés mais vous pouvez cependant vous rendre au domaine pour les caves ouvertes qui auront lieu exceptionnellement à fin août.

La situation face au Corona Virus :

Quand je suis allée les voir, nous sortions à peine de la crise sanitaire et les caves rouvraient petit à petit… Vincent a pu me partager ses ressentis, la première des choses:

« Il a fallu s’adapter! »

Vincent Papilloud

Bien sûr, la perte avec la fermeture des restaurants est importante, mais ils ont pu compter sur une clientèle privée fidèle. De plus, cela leur permettra de décaler le millésime sur certains vins, ce qu’il n’arrive généralement jamais à faire ! Alors voyons le positif !

Pour en savoir plus:

Rencontre avec Vincent Papilloud de la Cave du Vieux Moulin dans le Valais, Suisse – Épisode 1

Rencontre avec Vincent Papilloud de la Cave du Vieux Moulin dans le Valais, Suisse – Épisode 2

Ça vous dit de découvrir ?

Pour la visite c’est par ici :

Adresse:
Cave du Vieux Moulin

Rue des Vignerons 43
1963 Vétroz
Instagram: @cave_du_vieux_moulin

MW